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Grossesse et Bébé

Est-ce risqué d’apprendre deux langues à son bébé ?

Vous, ou votre compagnon, parlez une autre langue que le français. En 2019, la situation est fréquente ! Faut-il utiliser les deux langues lorsque vous vous adressez à votre bébé ? Cela suffira-t-il à en faire un petit bilingue ?

Maman est italienne, papa français. Ou maman, française, et papa, néerlandais, mais l’anglais est devenu la langue du couple. Aujourd’hui, il n’est pas rare que plusieurs langues (deux, voire parfois même trois) coexistent au sein d’une famille. Ce qui ne manque pas de soulever de nouvelles interrogations. Transmettre la langue de ses ancêtres à son enfant, d’accord, mais laquelle – ou lesquelles ?

Papa français, maman italienne… quelle langue parle-t-on au bébé ?

La première chose à faire, c’est de déterminer à l’avance ce qu’on veut. A-t-on envie que l’enfant soit bilingue, autrement dit qu’il comprenne les deux langues et qu’il les parle ? Chacun des parents a-t-il le désir de transmettre sa langue ? L’autre est-il d’accord ? On en discute ensemble avant la naissance.

On commence quand ?

Dès la naissance. Plus tôt on en prend l’habitude, plus cela devient naturel pour le bébé mais aussi pour le papa et la maman. Chacun s’adresse à l’enfant dans sa langue maternelle. Ainsi les codes sont clairs : un interlocuteur, une langue. Certains parents ont déjà eux-mêmes grandi avec deux langues et peuvent se demander laquelle transmettre. C’est simple : on choisit la langue de ses émotions, celle dans laquelle on exprime spontanément ses affects. A l’intérieur du couple, on fait ce qu’on veut. On peut s’exprimer dans la langue de l’un ou de l’autre, alterner les deux ou même encore utiliser une troisième langue qui nous est commune (l’anglais par exemple) si c’est plus facile pour les échanges. Ça n’a pas d’incidence sur l’enfant. Les échanges du couple sont des affaires d’adultes, le bébé n’a pas besoin de tout comprendre.

Une langue, ça se transmet ou ça s’enseigne ?

Ça se transmet. Et ce qu’on transmet va bien au-delà de la langue, on transmet aussi une culture, une gestuelle… Dès les premiers mois, l’enfant se retrouve plongé dans un bain de langage. Il s’approprie les mots en français et dans l’autre langue simultanément. Finalement, pour lui, un même objet peut se dire de deux façons différentes : à la manière de maman et à la manière de papa. Et comme il est capable de reproduire tous les sons qu’il entend, il n’aura aucun accent, ni dans une langue ni dans l’autre. Un vrai cadeau. Les parents ne sont pas là pour jouer les enseignants. On ne corrige pas son tout-petit quand il fait une faute, on reformule simplement de façon correcte. A l’âge de l’école, il arrive souvent que l’enfant privilégie la langue du pays où il vit. Il vous répond français lorsque vous vous adressez à lui en italien ? Laissez faire. Poursuivez simplement la conversation en italien.

L’enfant sera-t-il parfaitement bilingue ?

Il faut un certain temps d’exposition, une certaine intensité pour que le bilinguisme prenne. Tant que l’enfant ne va pas à l’école, surtout si la maman (ou le papa) qui parle l’autre langue passe beaucoup de temps à la maison, les deux langues se développent. Mais dès la maternelle, celle utilisée à l’école prend le pas sur l’autre. C’est dans cette langue que la pensée de l’enfant se structure. L’école représente une énorme concurrence. Papa ou maman qui parle italien à la maison, ça ne suffit plus. Pour faire vivre l’italien, il faut que l’enfant l’entende utilisé par d’autres locuteurs : baby-sitter, groupe d’amis, grands-parents, cousins…

Et si on emmène son enfant vivre à l’étranger, quelle langue parle-t-on à la maison ?

Une expatriation, c’est déjà un grand changement pour un enfant. Mieux vaut conserver sa langue d’origine. A la maison, on parle français. Dehors, l’enfant parlera l’autre langue et il l’apprendra avec des locuteurs natifs.

Apprendre deux langues à la fois, c’est risquer de n’en maîtriser aucune ?

Cela fait partie des préjugés qui tendent à disparaître, avec l’idée selon laquelle l’enfant pourrait confondre les deux langues. En réalité, un enfant qui grandit avec deux langues ne parlera pas plus tard qu’un autre. Les deux langues s’installent à des rythmes différents. Il y a toujours une qui domine, celle que l’enfant entend le plus parler. Mais les étapes du langage sont les mêmes. Les compétences de communication de l’enfant sont différentes parce qu’elles sont réparties sur deux langues. Chaque langue est développée en fonction des besoins qu’elle sert à évoquer et des personnes qui la parlent. Et qu’en est-il du risque de mélanger les langues ? On parle « d’interférence » : à l’intérieur d’une phrase exprimée dans une langue, l’enfant utilise un mot emprunté à l’autre langue. Ce n’est pas un problème. Juste une particularité de l’enfant bilingue, le moyen qu’il a trouvé pour tenter de se faire comprendre. Comme il ne connaît pas le mot italien, il utilise le mot français à la place !

A l’inverse, que gagne-t-on à être bilingue ? On parle de plus de créativité, de meilleures capacités de communication ?

En effet. On dit aussi que les enfants bilingues auraient plus de facilités pour apprendre à lire. Mais ce n’est pas vrai pour tous les enfants dans toutes les situations. Les études qui concluent aux effets positifs du bilinguisme sur les capacités d’apprentissage prennent généralement en compte des enfants qui grandissent dans deux langues valorisées par la société (comme l’anglais, l’allemand)… à la différence de langues moins valorisées. Il est donc difficile de généraliser. On peut en revanche affirmer qu’il n’y a pas d’effet négatif sur le plan cognitif à grandir dans un environnement bilingue.

La langue endormie, ça existe ?

Un enfant qui a vécu avec ses parents à l’étranger garde-t-il la mémoire de la langue qui a bercé son enfance ? Pas sûr. « Une langue qu’on ne travaille pas disparaît. Pour qu’elle reste utilisable, il faut qu’elle soit active. Des études du CNRS ont même montré qu’un enfant peut oublier sa langue maternelle s’il ne l’utilise pas pendant plusieurs années. Je cite souvent le cas de cet étudiant français qui avait vécu au Japon jusqu’à 12 ans et qui était totalement bilingue. A 20 ans, il avait tout oublié. Il a dû réapprendre le japonais en cours et ça a été tout aussi difficile pour lui que pour n’importe qui. A ceci près qu’au bout d’un an environ, il progressait plus vite que les autres.»

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